30, 40 et 50 ans : quatre placements classiques au crible

La construction d’un patrimoine financier se réalise dans le temps, brique après brique. Selon son âge, les objectifs diffèrent tout comme les horizons d’investissement. Mode d’emploi et arbitrages entre les différents placements.

Par Laurence Boccara – Les Echos – Publié le 06/05/2024

Il faut du temps pour se construire un patrimoine financier et le faire fructifier. Pour autant, il ne suffit pas de collectionner tous les placements classiques du marché pour atteindre ses objectifs. Les bonnes stratégies vont varier en fonction de son horizon d’investissement, du niveau de risque acceptable et bien sûr de sa capacité d’épargne.

1. Les livrets jusqu'au plafond

Du Livret A au livret de développement durable et solidaire (LDDS) en passant par le livret d’épargne populaire (LEP), ces placements sans risque constituent les fondations de tout édifice patrimonial. Depuis la hausse des taux d’intérêt en 2022, leur rémunération s’est appréciée. Et même si les taux font du surplace, ils restent encore appréciables.

Les Livrets A et le LDDS servent du 3 % nets d’impôts et le LEP, malgré une baisse en février, affiche encore 5 %. En mars, pour la première fois depuis des mois, le ralentissement de l’inflation, à 2,4 %, a redonné de l’éclat au taux réel du Livret A et du LDDS qui est redevenu positif.

Il n’y a pas d’âge pour remplir ces livrets et les conserver. « Dans le contexte actuel, mieux vaut les garnir et si possible jusqu’au plafond », conseille Olivier Grenon-Andrieu, président-fondateur d’Equance. Pour les trentenaires, ce type de supports permet de se constituer une première couche d’épargne sans risque, vite mobilisable et non fiscalisée. « Pour les personnes autour de 40 et 50 ans, il est important de conserver remplis ces livrets, qui font office d’épargne de précaution », précise Nicolo Acquari, ingénieur patrimonial de Mirabaud.

2. L'assurance-vie, à ne pas sécuriser trop vite

« C’est le placement tout-terrain par excellence et attractif à tous les âges », affirme Alexandre Boutin, directeur de l’ingénierie patrimoniale de Primonial. C’est souvent le deuxième placement conseillé à un trentenaire. « Il est important d’en ouvrir un le plus tôt possible pour prendre date fiscalement », indique Miléna Carré, fondatrice d’Hera capital.

« C’est une façon de continuer à épargner et à capitaliser grâce à un éventail d’unités de comptes offrant des degrés de risque et des performances différentes », ajoute Nicolo Acquari. Cette épargne pourra à moyen terme toujours être facilement retirée pour servir d’apport personnel pour un achat immobilier ou de fonds propres pour créer une entreprise.

A 40 ans, « lorsque ses revenus se sont déjà bien appréciés, l’assurance-vie reste un bon réceptacle pour loger un surplus d’épargne », souligne Alexandre Boutin. C’est l’occasion de profiter davantage de la variété des supports de cette enveloppe (FCP, ETF, immobilier, non-coté). « La clause bénéficiaire permettra, en cas de décès prématuré, de protéger la famille », indique Miléna Carré.

A 50 ans, mieux vaudra commencer à donner un peu plus de poids au fonds en euros notamment avec un taux bonifié. Le piège consistera à sécuriser trop vite l’épargne dans cette poche, car on se prive alors de performances futures, sachant que la retraite est encore dans dix à quinze ans.

A cet âge, l’effort d’épargne est susceptible de s’intensifier avec en ligne de mire les revenus complémentaires pour la retraite et la préparation de la transmission. La clause bénéficiaire devra si besoin être rectifiée selon l’évolution de situation personnelle (divorce, remariage, etc.).

3. Le PEA pour tous

« Pour les trentenaires attirés par le placement en actions, ce plan est susceptible de compléter l’assurance-vie », commente Olivier Grenon-Andrieu. Ce sera toujours mieux que d’investir en Bourse en direct par le biais d’un compte titres où la fiscalité en cas de gains s’applique au coup par coup.

En revanche, tant qu’ils restent logés dans le PEA, il n’y a pas de taxation. En cas de sortie après cinq ans, les intérêts sont uniquement assujettis aux prélèvements sociaux. Revers de la médaille : l’univers d’investissement est limité à l’Europe.

Pour Nadine Trémollières, directrice de Primonial Portfolio Solutions, « il n’y a pas d’âge pour détenir un PEA. Mais, il faudra s’assurer que ces actions européennes s’intègrent dans une allocation globale de titres comprenant d’autres zones géographiques. »

A la cinquantaine, un titulaire à la tête d’un « vieux » PEA rempli au plafond de 150.000 euros avec de coquettes plus-values pourra, si besoin, basculer dans de l’assurance-vie, notamment pour commencer à sécuriser tout ou partie de son épargne ou organiser sa transmission.

4. Le PER quand on avance en âge

Pour les trentenaires, ce n’est pas l’enveloppe la plus urgente à détenir. Et si c’est le cas, il faudra être déjà en mesure d’épargner en plus du reste (livrets, assurance-vie, PEA). Même si cette échéance se compte en dizaines d’années, rien n’empêche de s’y atteler. Le législateur a prévu des cas de déblocages anticipés, dont l’acquisition de la résidence principale.

Pour autant, « A partir de 40 ans et au-delà, il devient important de disposer d’un PER. Il conviendra de l’alimenter en majorant les versements au fur et à mesure de ses capacités financières et au fur et à mesure de l’approche de cette échéance », conseille Alexandre Boutin.

En avançant en âge, le contribuable atteint des tranches d’imposition élevées. « Pour les plus taxés, le PER ouvre droit une déduction d’impôt sur le revenu à l’entrée. Même s’il est plafonné, cet avantage fiscal est puissant », rappelle Olivier Grenon-Andrieu.