Le baromètre 2024 de l’épargne en France et en régions réalisé par l’Ifop pour Altaprofits souligne qu’une écrasante majorité de la population active prépare sa retraite en réalisant des placements. Pourtant les Français restent très prudents sur les investissements boursiers et financiers.
Par Sandra BOUILLARD – Les Echos
Malgré le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans – il sera progressivement repoussé de deux ans d’ici 2030 – la question de l’épargne personnelle se pose toujours avec acuité. Les assurés craignent de ne pouvoir se contenter de seule pension. En rappelant ce contexte, à la question « pensez-vous qu’il soit nécessaire d’épargner par vous-même pour vous constituer un revenu supplémentaire afin de compléter votre future pension ? », 84 % des Français répondent « oui ».
Une écrasante majorité des Français reste convaincue de l’importance de prévoir une retraite par capitalisation. Plus encore, 43 % des sondés de ce baromètre Ifop pour Altaprofits 2024 estiment cette anticipation par l’épargne « tout à fait » nécessaire pour sécuriser ses revenus après la vie active. Parmi les interrogés, les jeunes et les cadres, ainsi que les diplômés du supérieur, sont les plus prévoyants.
Manque de visibilité
Il faut préciser que la plupart des plus jeunes ignorent le montant qu’ils percevront à la retraite. Quasi 80 % des moins de 35 ans déclarent ne pas avoir d’idée du montant qu’ils percevront, même approximativement. Ce chiffre s’explique par la possibilité pour les entrants dans la vie active de changer de carrière et d’évoluer, sans avoir encore de certitude. Néanmoins cela ne suffit pas à justifier entièrement ce chiffre.
Etonnamment, les personnes plus avancées dans leur carrière, entre 35 et 49 ans, sont aussi 80 % à déclarer ne pas savoir quel montant approximatif ils percevront après avoir liquidé leur retraite.
En l’absence de certitude, le PER est devenu un placement stratégique pour percevoir une rente viagère complémentaire au moment de la retraite. Plus de la moitié des Français sont intéressés ou ont déjà souscrit un à plan d’épargne retraite selon ce baromètre.
En détail, 14 % des Français déclarent avoir déjà souscrit ce type de contrats, et 41 % disent en avoir l’intention. Parmi ces derniers, les jeunes sont surreprésentés, mais aussi les catégories modestes (entre 900 et 1.300 euros de revenu disponible par mois) et les membres d’un foyer avec au moins un enfant.
Plus surprenant, les étudiants sont 76 % à déclarer souhaiter souscrire un PER, permettant d’assurer un complément de revenu à la retraite, un horizon pourtant particulièrement lointain pour cette catégorie de population. Autre anomalie statistique : les Franciliens semblent particulièrement sensibles à ces produits d’épargne retraite, avec 62 % d’intéressés.
A contrario, les 45 % de personnes non intéressées par un PER déclarent, soit avoir d’autres priorités financières, comme la fin de mois, le remboursement d’un prêt ou l’alimentation d’un autre projet d’épargne (PEL par exemple pour l’immobilier). D’autres s’inquiètent de voir les fonds placés bloqués jusqu’à leur retraite, pour 28 %. Certains ne se projettent pas encore aussi loin, se sentent mal informés ou pensent qu’il est trop tard pour souscrire ce plan d’épargne, un sentiment partagé par 42 % des 50-64 ans.
Crainte de perdre son investissement
Malgré une appétence apparente pour plus de la moitié des sondés pour les placements à long terme, ils semblent rester frileux à l’idée d’investir dans les produits financiers. Les plans d’épargne retraite sont pourtant conçus pour investir son capital dans des unités de compte. Ces dernières offrent l’accès à une gamme étendue de supports, incluant des actions, des obligations et des produits structurés.
Le manque de connaissances des épargnants semble déterminant pour leur choix d’épargne. Une large majorité des sondés estiment ne pas avoir les connaissances nécessaires pour placer sur les marchés financiers et les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), pour 82 % d’entre eux, quand 74 % estiment ces placements réservés à une clientèle riche.
La peur de perdre de l’argent est présente pour 81 % des Français, alimentant le sentiment que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Pour preuve, 48 % ont le sentiment que le gain est suffisant sur les livrets réglementés, « un challenge pour les acteurs de la gestion de patrimoine, car les marchés financiers restent le meilleur moyen de valoriser son capital si l’investissement se fait de manière progressive sur le long terme », souligne Stellane Cohen, présidente d’Altaprofits.
On peut aussi souligner que ces placements sont boudés par un simple manque d’intérêt dans ces classes d’actifs, pour 71 % des sondés.
Ceux qui sautent le pas, ayant recours soit à une assurance-vie, un PER, un PEA (plan d’épargne en actions) ou dans les SCPI (sociétés civiles de placement immobilier), semblent en revanche bien plus agiles dans leurs placements. 48 % choisissent d’arbitrer eux-mêmes, en toute autonomie, leurs produits d’épargnes, prouvant une solide culture financière et une confiance dans ses connaissances. Ceux qui choisissent de demander l’aide d’un professionnel le font en général par manque de connaissance ou de temps, notamment dès l’arrivée du premier enfant.